La structuration politique des facultés niçoises

Dans les facultés niçoises, la structuration politique de l’extrême gauche est très faible. Au sein de l’UNEF, qui au niveau local comme au niveau national, décline, deux groupes tentent de prendre le dessus : d’un côté l’UEC (Union des Etudiants Communistes), fondée en 1956 par le Parti Communiste Français, qui malgré des conflits successifs, tient à Nice l’UGEN (la section locale de l’UNEF, l'Union générale des Etudiants Niçois). Cela lui donne une grande influence sur le syndicalisme local, ce qui une des particularités de Nice en France. De l’autre côté, les gauchistes, c’est-à-dire l’extrême gauche, qui sont très peu structurés (alors qu’en France, ce sont plutôt eux qui font le jeu des évènements).

Voici comment Max Gallo décrit ces gauchistes de la faculté de Lettres, dans Gauchisme, Réformisme et révolution :

« Ils étaient le petit nombre, le très petit nombre. Mais presque tous irréconciliables, déterminés, documentés, lecteurs infatigables, fascinants pour leurs camarades, personnalités vigoureuses et fortement individualisées. »

Ces quelques étudiants, de diverses tendances (PSU, JCR, maoïstes et quelques anarchistes), s’unissent surtout face à l’UGEN, s’agrègent et se désagrègent en fonction des évènements et des évolutions des revendications, et gravitent autour d’un personnage, Alain Raybaud, futur co-fondateur de Libération en 1973, à ce moment-là président de la Corpo de la faculté de Lettres, qui organise dès le 6 mai un Comité de grève (COG).

Face et en opposition à ces deux groupes communisants et gauchistes, un troisième syndicat va faire le jeu des évènements à Nice : la FNEF (Fédération nationale des Etudiants de France) est née d’une scission de l’UNEF en 1962. En opposition au syndicalisme, elle est d’une tendance politique plutôt centriste et se revendique uniquement comme une organisation corporatiste. Elle reçoit des subventions gouvernementales, tient l’AGEN qui servait à la cogestion des œuvres et des établissements d'enseignements universitaires, et la gestion directe de services : journal, imprimerie, logement, emploi, culture et loisirs, …, malgré le fait qu’elle soit minoritaire à Nice. Dans la FNEF de Nice, quelques rares étudiants gaullistes, mais surtout un noyau dur aux idées d’extrême droite nationaliste.

La FNEF siège à la faculté de Droit ; à la faculté de Lettres, cohabite l’UGEN et le Comité de grève d’Alain Raybaud et à la faculté des Sciences, la Corpo Sciences, qui est tenue par des amis d’Alain Raybaud et suit le Comité de grève, prédomine.