Réactions
De manière générale, l’occupation et les manifestations sont bon enfant, et il n’y a pas de barricades dressées à Nice, la police est peu présente lors des manifestations et il n’y a pas de heurts entre étudiants et policiers. Les autorités préfèrent ne pas intervenir pour éviter le soutien de la population envers les étudiants et la convergence des revendications étudiantes et ouvrières. A contrario des incidents violents auront lieu entre étudiants de différents syndicats, ce qui ne se limite pas à la période des évènements de mai-juin 1968.
Le 22 mai, dans la faculté de Lettres occupée, une bagarre a lieu entre les occupants et un groupe d’une quarantaine de jeunes. Elle prend de l’ampleur lorsque les jeunes venus de l’extérieur arrachent du mât de la faculté le drapeau rouge et lancent des pierres contre le bâtiment principal. Cette incursion entraîne une forte réaction des étudiants qui renforce leur occupation. L’incident se répète le 26 mai, avec une tentative d’intrusion d’un commando d’une dizaine de personnes. L’échauffourée produit des dégâts sur la conciergerie du campus et un des assaillant est remis à la police. A plusieurs reprises, locaux syndicaux sont pillés, saccagés, et leur matériel brûlé. De manière plus grave, des règlements de compte ont lieu : Alain Raybaud est blessé par balle par un étudiant d’extrême-droite lors d'un guet-apens.
Ces assaillants et commandos sont pour la plupart affiliés au noyau dur de la FNEF et au groupe Occident : créé en avril 1964, ce groupe est issu de la dissolution de la section parisienne de la Fédération des étudiants nationalistes et de l’exclusion de certains militants ensuite en février 1964. D’extrême-droite et de tendance fasciste, il s’agit d’un groupe raciste, qui à la fin de 1965, prend un tournant très clairement anticommuniste, soutenant l’intervention des Etats-Unis contre le Vietnam et développe un principe d’élimination physique de l’« ennemi ». Il est très présent à Aix, Toulouse, Orléans, et à Nice, le groupe de 50 à 100 personnes est essentiellement constitué d’étudiants de la faculté de Droit, de lycéens mais aussi de personnes extérieures.
Le climat change après le discours du Président De Gaulle le 30 mai : les groupes gauchistes appréhendent comme une menace une réaction des groupes de droite, et de nombreux étudiants engagés, par peur des arrestations, ne rentrent pas chez eux dans la nuit du 30 au 31 mai. Le 7 juin, lors d’un meeting de lycéens devant le lycée Masséna, les CRS interviennent et matraquent, malgré l’intervention de parents et de passants.