Les prémices du mouvement à Nice
Comme dans toute la France, 1968 est marqué dès le début de l’année par divers mouvements de contestation :
Le 4 mars, sur l’appel de six syndicats, dont le SNE-Sup (Syndicat national de l'enseignement supérieur), et avec le soutien des associations de parents d’élèves, une importante grève a lieu dans les collèges et lycées : à Nice, dans les lycées généraux, on compte 50 à 80 % de grévistes parmi les enseignants, dans les lycées professionnels, on atteint plus de 85 %. Les élèves suivent cette grève également : au lycée Audiberti (Antibes), seuls 25 élèves sur 1 400 sont présents ; aux lycées Estienne d’Orves et Eucalyptus de Nice, aucun élève ne vient, au Parc Impérial, on compte 60 élèves présents sur 2 000. Les grévistes revendiquent une amélioration des conditions de travail par une création massive de postes d’enseignants, l’aménagement des horaires pour les surveillants (généralement des étudiants), la titularisation des auxiliaires et la limitation du nombre d’élèves par classe à 25.
Le 26 mars 1968 c’est au tour des enseignants de l’Université de s’agiter : une réunion de la section de la faculté des Lettres du SNE-Sup, publie des motions exigeant le droit à la stabilité dans leurs postes des chargés d’enseignement, la titularisation en tant que maître de conférences des chargés d’enseignement inscrits sur liste d’aptitude et l’augmentation du nombre de chaires ouvertes.
Au niveau des étudiants, ceux de Nice ne sont pas en reste sur le mouvement des cités universitaires, demandant l’abrogation des règlements des cités universitaires :
dès le 10 février, avant même le lancement de la campagne nationale de l’UNEF le 14, les étudiants entament une grève quasi-totale des restaurants universitaires et abolissent le règlement intérieur des cités universitaires. Les négociations ne donnant pas de résultats, à partir du 21 février, les étudiants lancent une grève de la faim. Les revendications sont similaires aux exigences nationales :
- Libre circulation des personnes extérieures à la cité universitaire de 7 h à 22 h
- Pas de contrôle de l’heure de rentrée des résidents
- Gestion des cafétérias par les comités de résidents
- Gestion matérielle des activités culturelles par les résidents et libre formation des groupes culturels
- Amélioration de la qualité de la nourriture sans hausse des prix
Des incidents ont lieu lorsque des étudiants se barricadent : le recteur de l’Académie, Robert Davril, fait fermer le restaurant universitaire et les cafétérias et fait intervenir la police. Trois étudiants sont arrêtés et les responsables sont convoqués au commissariat . Le restaurant universitaire Montebello (Valrose) ne réouvre que le 13 mars, de légères modifications sont apportées au règlement intérieur, avec par exemple la fermeture des portes à 1 h du matin.
Cela ne suffit pas à éteindre le mouvement évidemment : les Corpo Sciences et Corpo Lettres —les corporations sont des associations d'étudiants — trouvent ces modifications trop légères. L’UNEF lance une pétition contre le projet Peyrefitte, qui obtient environ 450 signatures.